Thibault Gauthier

Marlène Schiappa dément avoir demandé aux internautes de choisir le prénom de son bébé

Marlène Schiappa dément avoir demandé aux internautes de choisir le prénom de son bébé

Le 15 mai 2025, Marlène Schiappa, ancienne secrétaire d’État chargée de l’Égalité entre les femmes et les hommes et actuelle conseillère régionale d’Île-de-France, a annoncé dans Gala qu’elle était enceinte de son troisième enfant, attendu cet automne avec son compagnon Matthias Savignac, président de la MGEN. Une annonce qui, au départ, semblait simple : une femme de 42 ans, déjà mère de deux filles, embrassait une nouvelle étape de sa vie. Mais ce qui aurait pu rester un moment intime est devenu une tempête médiatique — puis un démenti cinglant.

Une story Instagram qui a fait le tour des médias

Le 29 mai 2025, selon Le Figaro, Le Point et Public.fr, Schiappa aurait publié une story Instagram éphémère demandant à ses 81 000 abonnés de suggérer des prénoms pour son futur enfant. Les réponses ont fusé : Jules, Elsa, Roman, Max, Victor, Chloé, Oscar, Ombeline, Aliocha, Liam, Mila, Charles-Louis, Inaya. Certains médias affirmaient qu’elle avait reposté certaines propositions, avec un commentaire du type : « Merci pour toutes vos idées de prénoms, de quoi s’inspirer ». Le ton était léger, presque ludique. Et pourtant, derrière cette apparente simplicité, un malaise grandissait.

Des commentateurs ont immédiatement relevé l’incongruité : une ancienne ministre, figure emblématique du féminisme et de la parentalité professionnelle, se livrer à un jeu de prénoms sur Instagram ? « On s’en contrefiche royalement de sa grossesse… et du prénom de son gamin ! », a écrit un internaute sous un article de Le Figaro. D’autres, comme Ferula, ont jugé la situation « pathétique ». Pour beaucoup, ce n’était pas la grossesse qui posait problème — c’était la manière dont elle était devenue spectacle.

Le démenti qui change tout

Et puis, le 9 octobre 2025, tout s’est effondré. Dans un nouvel article de Gala, signé Lucie Ahmed, Schiappa a réagi avec une clarté sans équivoque : « Un journal a écrit que j’avais demandé aux internautes de choisir le prénom de mon futur bébé. C’est totalement fantaisiste. » La phrase, courte, nette, assassine. Elle a ajouté en légende de sa publication : « La seule question que j’ai posée à ce sujet, c’est comment s’appelaient les enfants de personnes avec qui j’échange en ligne. »

Le démenti n’était pas une simple rectification. C’était une mise au point politique. Schiappa, qui a présidé pendant dix ans l’association Maman travaille, a rappelé qu’elle considère la maternité comme un sujet public — mais pas un spectacle. « Je n’ai jamais eu l’intention de publier de video de baby shower, ni de gender reveal, ni le prénom de notre bébé », a-t-elle affirmé. Elle a aussi précisé qu’elle avait sollicité des conseils sur la grossesse après 40 ans, pas des prénoms. « J’ai beau avoir présidé dix ans Maman travaille, je suis preneuse de tous vos conseils », a-t-elle écrit — mais dans un contexte d’entraide, pas de concours.

Le rôle des médias dans la construction d’un faux

Comment une simple question sur les prénoms des enfants d’autres personnes a-t-elle pu se transformer en une demande publique de choix de prénom ? La réponse réside dans la mécanique des médias. Le Point et Public.fr ont relayé des stories Instagram éphémères sans vérification approfondie. Les journalistes ont interprété des échanges privés comme des actes publics. Et une fois que le récit était lancé — une ministre qui fait voter ses abonnés pour le prénom de son bébé — il a pris une vie propre.

Le twist ? Schiappa n’a jamais cherché à corriger l’erreur. Pas parce qu’elle l’ignorait, mais parce qu’elle pensait que les médias se contenteraient d’un fait divers. Ce n’est que lorsqu’elle a senti que l’histoire devenait un symbole de dérives médiatiques — et que son image était déformée — qu’elle a réagi. « J’ai toujours pensé que la maternité était un sujet politique », a-t-elle rappelé. Et ce démenti, c’était aussi un combat pour la dignité.

Un contexte plus large : la maternité en spectacle

Le cas Schiappa ne se limite pas à elle. Il s’inscrit dans une tendance plus large : la transformation des moments intimes en contenu. De la publication de photos de grossesse à la diffusion en direct des accouchements, les réseaux sociaux ont rendu la maternité accessible — mais aussi marchande. Schiappa, qui a longtemps défendu les droits des mères dans l’emploi, se retrouve aujourd’hui accusée de vouloir « sortir du néant médiatique », comme l’a écrit un internaute.

Elle refuse pourtant d’être réduite à ce rôle. En refusant l’émission Face à Hanouna et en acceptant de participer à Les Traîtres sur M6, elle joue un autre jeu : celui de l’image publique, mais sur ses propres termes. « Matthias aura deux scorpions à la maison. Ça va piquer ! », a-t-elle lancé à Gala, en parlant du signe astrologique de ses deux filles. Une phrase qui, au lieu de se transformer en un nouveau clip viral, reste une boutade personnelle — et c’est précisément ce qui la rend humaine.

Que reste-t-il de cette affaire ?

Plus qu’une erreur journalistique, cette histoire révèle une fracture profonde : entre ce que les femmes en position publique veulent dire, et ce que les médias veulent entendre. Schiappa n’a jamais demandé aux internautes de choisir un prénom. Mais les médias, eux, ont voulu en faire un événement. Et quand la vérité est revenue, personne n’a vraiment réparé le mal fait.

Le bébé de Schiappa et Savignac naîtra cet automne. On ne saura pas son prénom. Et peut-être, c’est justement ce qu’elle voulait : que ce soit son affaire, et non celle de tout le monde.

Frequently Asked Questions

Pourquoi Marlène Schiappa a-t-elle finalement démenti l’histoire ?

Elle a démenti parce que l’histoire déformée la réduisait à une figure de divertissement, alors qu’elle défend depuis des années le droit des mères à vivre leur maternité sans être transformée en contenu médiatique. Son démenti était aussi une déclaration politique : la maternité n’est pas un jeu, même si elle peut être partagée.

Quels prénoms ont été suggérés par les internautes ?

Selon les médias ayant relayé l’histoire, les suggestions incluaient Victor, Oscar, Liam, Jules, Max, Chloé, Mila, Ombeline, Inaya et Charles-Louis. Mais ces prénoms n’ont jamais été réellement proposés par Schiappa — ils ont été inventés par les journalistes à partir de commentaires d’internautes sur d’autres comptes.

Comment les médias ont-ils pu se tromper à ce point ?

Les médias ont interprété une question privée — « Comment s’appellent les enfants de vos contacts ? » — comme une demande publique de prénoms. En l’absence de vérification et sous la pression de l’actualité, ils ont créé un récit sensationnel. C’est un cas classique de « journalisme de clic » : plus l’histoire est drôle, plus elle est partagée, même si elle est fausse.

Marlène Schiappa a-t-elle déjà partagé les prénoms de ses deux filles ?

Non. Elle a toujours gardé l’anonymat de ses deux filles, nées en 2006 et 2012, pour les protéger. Ce silence est d’ailleurs une de ses positions fondamentales : les enfants ne sont pas des extensions médiatiques de leurs parents. Ce démenti est cohérent avec une ligne de conduite tenue depuis des années.

Pourquoi cette affaire a-t-elle suscité autant de colère ?

Parce qu’elle symbolise la banalisation de la vie privée des femmes publiques. Une femme enceinte, déjà mère de deux enfants, est accusée de chercher de la notoriété — alors qu’elle a consacré sa carrière à défendre les droits des mères. Le double standard est criant : un homme politique qui parle de sa famille est « authentique » ; une femme, elle, est « exhibitionniste ».

Quel impact cela aura-t-il sur la suite de sa carrière ?

Peu, probablement. Schiappa reste conseillère régionale et continue de militer pour la parentalité. Sa participation à Les Traîtres montre qu’elle maîtrise son image. Ce démenti, loin de l’affaiblir, a renforcé son image de femme lucide, qui refuse d’être réduite à un cliché. Son vrai pouvoir, désormais, c’est de choisir ce qu’elle partage — et ce qu’elle garde.